Crise

Mes chers compatriotes,

Nous vivons des moments exceptionnels, inédits. Pendant que vous lisez ces mots, des hommes, femmes et enfants meurent, d’autres sont affligés gravement, leur vie est remise en question. Nous nous posons tous les mêmes questions: comment cela va-t-il évoluer? Sommes nous entrés dans une nouvelle phase de l’histoire?

Le monde scientifique fait appel à notre responsabilité, nous nous devons d’y répondre. Le temps est venu d’agir.

mieux vaut trop tard que jamais

Tout d’abord, je vous résume l’état actuel de la crise. La calotte glaciaire connaît un déclin sans précédent aussi bien aux pôles que sur les hautes montagnes, dans les régions chaudes le phénomène d’ensablement s’est accéléré, dans d’autres régions, inondations et tempêtes à tous vents. De façon générale: nos eaux sont polluées, l’air que nous respirons est malsain, la terre est infectée. Les conséquences de tout cela sont catastrophiques, la faune et la flore se meurt, des populations entières doivent choisir entre la fuite ou la mort. Nous avons toutes les peines du monde à endiguer la mortalité des abeilles et devons faire face à la possibilité d’une pénurie de fruits et légumes. Nous vivons un flux migratoire venant d’Afrique, où les populations n’arrivent plus à cultiver leurs terres arides. En Asie les gens doivent quitter leur terre sous eau. En plus, il y a dans l’air un ennemi sournois qui attaque notre résistance immunitaire.

Mesures nécessaires

Cette crise affecte aussi bien les êtres humains que la nature, la jeunesse et les gens âgés, les pauvres et les riches (enfin, non, peut-être pas…). L’État se doit de prendre des mesures enfin d’endiguer la crise, de transformer notre société pour réaliser la neutralité climatique. C’est une question de vie ou de mort.

Dès lors, Les mesures suivantes sont prises, ayant effet à partir de demain matin 7h :

  • une taskforce est mise en place avec les instances concernées, gouvernement, le monde scientifique et autres. Cette entité aura pour tâche de prendre les mesures nécessaires et de les contrôler. Elle tiendra la population au courant dans un briefing hebdomadaire.
  • enfin d’endiguer les émissions de particules fines, les déplacements en véhicules polluants seront strictement réglementés en fonction d’une liste positive que vous pouvez consulter sur le site de l’administration publique.
  • les déplacements en voiture de et vers le travail ne seront autorisés que de manière exceptionnelle. Nous misons sur la mise en service d’un grand nombre de nouvelles rames de train, tram et bus électriques.
  • Les routes et le code routier seront graduellement adaptés afin de donner la priorité aux transports en commun, aux vélos et aux piétons.
  • les vols aériens domestiques sont interdits, sauf permission exceptionnelle.
  • les vols aériens internationaux seront limités au strict minimum.
  • toute activité polluante non essentielle est interdite. Consultez la liste sur notre site.
  • tondre la pelouse est fortement soumis à restrictions. L’aménagement de jardin et d’espaces verts sera soumis à des règles écologiques sévères, ceci afin d’améliorer la diversité écologique de la flore et la faune et d’augmenter les surfaces naturelles. Dès aujourd’hui, toute surface non bâtie devra rester verte.
  • le plan d’aménagement du territoire sera lui aussi soumis à de nouvelles règles écologiques.
  • nous voulons investir dans le circuit court et l’économie circulaire. Les entreprises qui dépendent de livraisons venant de contrées éloignées sont tenues à aller à la recherche d’alternatives.
  • toutes les entreprises sont obligées à investir en efficacité environnementale: renouvellement des matériaux, emploi d’énergie renouvelable. Les entreprises qui n’ont pas les moyens de répondre aux nouvelles exigences ont droit à une aide de l’État afin de procéder à une réorientation de leurs activités.
  • afin de contrer la spéculation financière, les bourses resteront fermées jusqu’à la mise en place de nouvelles règles qui ont pour but de limiter les droits à la spéculation.
  • les mesures que nous prenons ce jour sont limitées à 5 ans. Après ce délai, une évaluation approfondie de la situation aura lieu. Des ajustements intermédiaires ne sont pas exclus.

Nous avons conscience de l’impact qu’auront ces mesures assez drastiques sur la vie quotidienne de tous. Nous pensons toutefois que nous n’avons pas le choix, que la vie sur terre pour nos enfants et nos petits-enfants en dépend.

Ceci était un message officiel de l’État.

boum

je viens de tomber de mon lit. Quel rêve étrange…

Et si les états se mettaient à vraiment tenir compte de ce danger sournois? Si l’économie n’était plus un but en soi, si l’intérêt commun, la santé, le bien-être étaient la norme, et l’économie seulement un instrument pour atteindre ses buts humanistes. La crise du corona nous montre, à nouveau, les défauts de la pensée néo-libérale, qui n’arrive pas à intégrer ces paramètres essentiels dans leur modèle.

Ce qui semble être certain: l’emprise de la logique économique sur notre vie doit, au moins, être très fortement régulée. L’idée d’un salaire minimum pour chacun semble tout à coup moins chimérique, maintenant que des millions de gens se retrouvent à la maison sans pouvoir travailler.

Que dire en plus de la logique de marché qui a été mise en place pour le secteur des soins? Les hôpitaux sont gérés comme des entreprises, ils doivent rentabiliser. J’ai travaillé dans la logistique hospitalière européenne. J’ai vu les concepts d’efficacité introduits dans les soins. Just in time, lean, regroupements des soins dans des grands centres, … Le patient devient un client, un consommateur. Les conséquences dramatiques sont visibles, maintenant que le coronavirus nous tient à la gorge. Les infirmières, professeurs, pompiers, policiers, et autres prestataires de services ne sont pas valorisés à la hauteur de leur apport à la société, tout simplement par ce qu’ils « n’apportent pas d’argent ». Êtes vous d’accord avec moi que ces gens doivent « monter en grade »? Qu’il n’est pas normal qu’un petit malin arrive à enfourner des fortunes devant son ordinateur grâce à un jeu qui s’appelle « transactions financières » alors qu’une aide soignante risque sa vie en venant à l’aide de vieillards malades.

Cette logique maléfique, je refuse de l’accepter. Soyons critiques, refusons qu’après la crise du corona, tout reprenne son cours normal, comme si rien ne s’était passé.

Moi, je ne veux plus être un consommateur, je veux être un homme et considéré comme tel, dans sa totalité. Je ne suis pas, vous n’êtes pas, un pion de la machine économique. J’accepte par contre d’être un pion dans l’histoire de l’humanité.

Réfléchissez, et faites entendre votre voix!