it’s science, stupid!

7 octobre 2019 0 By Marc Vander Putten

Cet article pourrait traiter de Donald, Boris, Bart et autres. Ce serait alors un pamphlet sur tout ce qui foire dans ce monde. Eh bien non, essayons d’être positifs: nous parlons de Greta, Anuna et tous ces jeunes qui viennent aux barricades.

foto: Reuters

Ou en fait non, j’ai beaucoup de respect pour Greta, pour son courage. Elle est considérée comme une élégie par ses sympathisants, je m’abstiendrai de citer les insultes de ses adversaires. Elle envahit les écrans, elle est parfois déifiée et souvent diffamée.

Comme il y a peu, lors de son discours aux Nations Unies. Surtout ses adversaires s’en prennent sur elle, l’invectivent, pensent pouvoir profiter de sa jeunesse, voire de ses faiblesses.

Et c’est la que ça coince : on s’en prend au messager et on oublie le message. Jours après jours, nous recevons des preuves scientifiques que notre climat, que notre environnement sont malades, les experts se bousculent pour nous dire que nos promesses sont insuffisantes et que même ces promesses ne sont pas tenues. Et c’est le grand silence du côté des négationnistes du réchauffement climatique.

Correction : pour moi, ce ne sont pas les négationnistes qui forment problème, mais plutôt ceux qui reconnaissent le problème tout en nous rassurant, que tout ira bien, que cela s’arrangera. Je les appellerai les Barts, ces gens enfoncés tellement profondément dans leur rêve néolibéral qu’ils refusent de croire que c’est justement ce rêve qui est à l’origine du problème, et que, tant qu’ils considéreront la hausse des marchés comme le saint Graal, il ne pourra pas y avoir de solution au réchauffement climatique. J’avais promis de ne pas parler d’eux, autant pour moi, désolé.

Malheureusement, il y a peu de critiques du néolibéralisme qui nous proposent une alternative. Pas simple à imaginer, un passage sans faille de notre culture de la cupidité vers une société qui favorise le bien-être, l’égalité, le respect de son prochain et de la nature et toutes ces valeurs humanistes au delà de l’économie. N’est-ce pas l’économie qui nous apporte la prospérité? Tout est relatif, bien sûr: pour 80% de notre monde occidental, c’est bien le cas en grande partie, mais au niveau mondial, les victimes de cette économie sont tellement nombreuses qu’il est impossible de justifier son fonctionnement. Prenons par exemple l’Afrique, continent que nous avons piaillé, engendrant des dictatures, des populations entières vouées à la famine, les enfants soldats ou au travail dans les mines qui contiennent les minerais tellement précieux pour nos smartphones dernier cri, où les paysans n’arrivent pas à nouer les deux bouts parce que nous inondons le marché de riz moins cher, ou parce que leurs terres sont asséchées par le réchauffement climatique que nous avons causé. Et, lorsque les populations ne trouvent plus d’autre solution que de quitter leur pays, nous osons nous plaindre de la migration…

Entretemps, les hommes tels que BDW donnent une bonne conscience au Flamand travailleur en démonisant « la gauche », « le migrant de transition » ou « le Wallon » qu’il accuse de causer tous les problèmes et de ce fait favorise l’avènement de l’extrême droite. Tant qu’il n’aura pas l’honnêteté intellectuelle d’avouer que ses choix politiques sont dictés par le besoin de favoriser l’élite financière de notre pays en nous donnant des boucs émissaires faciles et sans défense, il ne pourra jamais résoudre les problèmes de notre société. Il est devenu un maître du camouflage, il escamote les vrais problèmes en nous offrant sur un plateau une « crise migratoire ». Ce serait sans doute trop compliqué d’expliquer que nous, Occidentaux, avons créé le problème de la migration et qu’il est de notre devoir d’y apporter une solution éthique. Non, il préfère nous offrir son fidèle Theo qui fait de son mieux pour déshumaniser « le migrant ».

Vous pouvez retorquer: que signifie BDW pour ces problèmes de niveau mondial? Il n’est qu’un exemple, chaque pays a son équivalent, non pas des extrémistes, non, plutôt des libéraux bien pensant qui font appel à nos valeurs occidentales pour prouver notre supériorité. Ceux qui veulent nous faire croire que, si problème il y a, leur vision de société est toujours là pour apporter des solutions, cette même vision qui nous mène tout droit au gouffre.

Mais reparlons de solutions. J’ai une grande foi dans la science: si les experts climatiques, sociologues, économes et autres experts se rassemblaient pour développer un nouveau modèle de société, sans l’influence des forces financières ou politiques, je suis convaincu qu’ils y arriveraient assez vite. Je suis conscient qu’il existe déjà un grand nombre de théories alternatives pour remplacer notre économie globaliste et impérialiste, p.e. l’économie circulaire, mais ces théories ont-elles été testées par rapports à d’autres aspects que purement économiques. Par exemple, quelle serait leur effet sur les paysans d’Amazonie, les enfants au travail dans les sweatshops en Asie, ou comment réagirait l’homme de la rue si ce n’était plus le travail qui serait porteur de notre prospérité? Et peut on apporter une solution en apportant des changements locaux ou avons nous besoin de solutions radicales et mondiales ?

Il ne nous reste pas beaucoup de temps, et pas seulement à cause du réchauffement. Le climat politique est en crise, lui aussi: un virement à (l’extrême) droite qui nous mène tout droit vers une guerre mondiale. Brexit, le conflit économique entre les États-Unis et la Chine, toutes des tendances dangereuses vers « après moi le déluge ». Ça risque de s’enflammer. Je crois même que, au sommet de la pyramide, certains se frottent le menottes à l’idée d’une bonne guerre… Et bien, pas moi..