opinion ou vérité

Dans ces temps de « fake news », de populisme, de réseaux sociaux, il semble que tout est devenu « opinion », qu’il n’y a plus de vérité. Il est vrai que nous avons tous besoin de certitudes, d’ancrages. Comme, à tort ou à raison, tout est remis en question à tout moment, cela nous déséquilibre.

It’s philosophy, stupid!

Ce qui m’aide à retrouver mes billes : ce que j’ai retenu de mes cours de philosophie d’il y a 40 ans, j’appellerais ça « le sens de l’être », la raison. C’est grâce à ces grands maîtres que nous avons pu dépasser un empirisme basique : non, notre vécu n’est pas universel, il est différent de la raison pure, et de plus, il nous mène à des conclusions erronées. Ces mêmes philosophes nous ont appris la pensée scientifique, qui nous mène vers la connaissance et nous met sur la voie de « l’être ».

Lorsque je veux savoir, je me tourne donc vers la raison, la science. Est-ce absolu ? Non, évidemment, la science peut aussi être corrompue, et elle n’est pas omnipotente, loin de là. Il y a tellement de choses que l’on ne sait pas, autant de choses que l’on pressent, sans pouvoir les prouver. Seulement, la science nous apporte quelque chose d’irremplaçable : un procédé pour arriver à la conclusion la plus proche possible de la vérité. Lorsque je suis confronté à des théories ou des raisons qui ne font pas appel à un procédé scientifique, j’ai tendance à croire que ces théories sont sans base. Que les personnes ou les instances qui propagent ces théories ne veulent surtout pas que la science s’en mêle, risquant de démolir leur crédibilité. J’en conclus que la science n’est pas une garantie absolue, mais l’absence ou un manque de méthode scientifique par contre amène le doute.

De quoi j’ me mêle

C’est pourquoi je me permets d’avoir des positions et des idées. Des exemples.

  • 97% des experts nous affirme que le réchauffement climatique est fortement influencé par l’activité humaine, eh bien, je les crois. Y-a-t’il du vrai dans les arguments opposés? Possible. Des bouts de vérité sont (intentionnellement ?) mal interprétés (p.e.: nous sommes dans une période de réchauffement naturelle, l’influence de l’homme est relative, bref on n’y peut rien: il est probablement vrai que nous nous situons dans une période de réchauffement, mais l’évolution des dernières décennies est tellement drastique qu’elle ne peut être expliquée sans l’influence de l’activité humaine).
  • les médecines alternatives sont, pour la plupart, basées sur des fondements empiriques: méfiance! Oui, aussi quand quelqu’un me dit: « pour moi ça marche ». Souvent ça marche PARCE QU’on y croit, l’effet placebo. P.e., une étude scientifique a démontré que l’homéopathie a autant d’effet qu’un placebo, et que les produits homéopathiques ne contiennent aucun agent actif. De là à dire que j’ai une confiance aveugle en la médecine traditionnelle, non, bien sûr. L’emprise que l’industrie pharmaceutique a sur le monde médical est, pour le moins, dangereuse. Elle donne des arguments aux charlatans.
  • les religions s’ancrent sur la foi, c’est pratique, il n’y pas d’argument pour ou contre : des foutaises. Cela veut-il dire que tous les croyants sont des imbéciles ? Évidemment non, nous ne sommes pas seulement ratio, nous sommes à la recherche de réponses, de soutien. Et quand il n’y a pas de vraie réponse, on s’enlise facilement dans nos opinions. Le danger : ce qui n’est pas rationnel devient facilement fanatisme. Je suis convaincu que toute croyance engendre les extrêmes, parce qu’elle ne suit pas un chemin de raison.
  • de plus en plus de politiciens ont un discours basé sur des faux arguments, émotions épidermiques, slogans simplistes, pseudo-science. Oulala!!!. Et pourtant je vote. Je m’exprime, lis des articles et des livres, écoute des opinions. J’essaie, dans un océan d’information, de trouver des pistes. Factcheck…

Le tout et son détail

Mon idéal : la vue de l’aigle. Voir le tout et son détail. Avoir du recul mais rester proche, détaché mais concerné. Remettre en question à tout moment ce qui est sûr, voir ce qui est faux, embrasser le vrai. Chimère, sans aucun doute, mais rien de mal à vouloir essayer. Pour le moins, d’avoir l’attitude de l’aigle. Proximité et distance.

Le problème, c’est l’humain. Nous voulons atteindre les sommets, raser les nuages, alors que nous ne savons pas voler, et avons le vertige. Le truc: reconnaître ses limites, essayer de les dépasser pas à pas, vouloir prendre le train à grande vitesse mais accepter de se retrouver de temps en temps sur le perron. Facile à dire.

Pas comique

Ma tendance à l’absolu m’a valu de maints problèmes. Je ne suis pas toujours des plus agréables dans les discussions, il m’arrive de me laisse aller dans mes fausses certitudes, bref, je m’énerve, et j’énerve mes interlocuteurs. A chaque fois je me mortifie postérieurement. Je sais, à mon âge, ce n’est plus comique, je devrais être plus cool. Hélas…

Conclusion, pour paraphraser Jean Gabin, je sais que je ne sais pas, mais ça, au moins, je le sais.