Un petit bout de paradis
Je ne peux pas m’en empêcher, même si c’est cruel, je veux vous montrer quelque chose. Mais avant tout, je veux vous prévenir :
Êtes-vous une de ces personnes qui trouvent que la nature doit être « propre », que les « mauvaises herbes » n’ont pas de place dans votre jardin, est-ce que la vue d’un gazon non millimétré vous choque ? Si c’est le cas, arrêtez tout de suite, là, à lire cet article, la suite risque de porter atteinte à votre santé, il y a des images choquantes.
Pour tous les autres, je ne compte pas répéter mes propos de mon blog précédent, seulement ceci : laisser le libre cours à la nature peut être surprenant, parfois dans un sens péjoratif, mais plus souvent positif. Et vous contribuez à la diversification de l’environnement.
Le blog en question a été celui qui, jusqu’ici, m’a occasionné le plus de commentaires négatifs. Il s’avère que mes compatriotes ne rigolent pas avec la netteté dans les parterres.
Venons-en à nos images, préparez-vous au choc :
Oui, je sais, c’est pas très beau à voir, ces fleurs sauvages éparpillées n’importe comment dans les hautes herbes. Une cacophonie, si je peux me permettre, de la saleté, à éradiquer tout de suite. Remplaçons ce désordre par un beau parterre bien composé, avec des pousses achetées minutieusement dans un centre de jardinage. Entre les fleurs, pas un poil. Le parterre géométrique impeccable.
Nouvelle définition de « mauvaises herbes » :
plantes et fleurs n’ayant pas été achetées à prix d’or dans un magasin et qui apparaissent aux endroits les plus imprévus.
Pour moi, c’est une définition de « nature ».
Nous nous sommes tellement accoutumés à tout transformer, que nous n’aimons plus ce que nous n’avons pas touché. Nous sommes convaincus qu’il nous revient le droit de tout « embellir », ce qui signifie de fait que la nature en soi est laide. Hybris dans toute sa splendeur.
Eh bien, non, soyons un peu modestes. La nature vierge est splendide, n’y touchons pas trop. Apprenons à nouveau à regarder sans préjugés.
J’irais même plus loin. Abattons ces haies impudentes et égoïstes, partageons ce petit bout de nature qui nous est alloué, non pas en tant que propriétaires, mais plutôt comme un garde forestier : avec une responsabilité envers la communauté. Le concept de « posséder » la terre est vicieuse, nous ne pouvons pas considérer la terre comme une possession, mais comme un privilège qui nous donne autant de devoirs que de droits.
Ah oui, presque oublié ! Un autre avantage de laisser la nature prendre son cours : moins de bruit. Dans la semaine, il y a les jardiniers, les pros, avec leurs machines bruyantes qui viennent faire le grand entretien (comme pour la voiture) de votre petit bout de paradis. En weekend, c’est le tour des amateurs. J’ai entendu dire, mais je ne sais si je dois le croire, que certains oiseaux sont de très bons chanteurs. J’ai vérifié sur youtube, mais je ne suis pas sûr que le film n’était pas truqué.